Inauguration du buste du général Charles de Gaulle - Discours de Monsieur le Maire, Olivier Gacquerre

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De Gaulle, une passion française


Monsieur le Sous-Préfet,
Mesdames, Messieurs les élus du conseil municipal, chers collègues,
Messieurs les porte-drapeaux et du monde combattant,
Mesdames, Messieurs les autorités civiles et militaires, en vos grades et qualités,
Mesdames, Messieurs, chers concitoyens,
Chers jeunes Béthunois, et je voudrais à travers vous saluer les lycéens de Blaringhem et les Benjamins de l’Histoire qui participent à cette cérémonie ô combien civique, ces lycéens de Blaringhem qui nous ont offert un dialogue à trois voix, soigneusement préparé avec leur professeur de lettres, madame Patricia Fauquembergue.  Grand merci donc à Arthur (DELERUE), le journaliste, élève de Seconde 5, Anaïs (FAUQUEMBERGUE), qui incarna Geneviève De Gaulle, et Léo (MACIEJCZYK), dans le rôle du Général, et tous deux en Première G10.

"Chers Béthunoises et Béthunois,

Il est des dates qui s’inscrivent à jamais dans l’Histoire de France et dans nos mémoires collectives. Par sa portée et sa finalité, ce 18 juin 1940 occupe une place majeure dans tous les ouvrages et manuels d’histoire contemporaine. C’est une date qui marque un tournant décisif pour le destin de la France.
Alors que notre pays est au bord de la défaite, sous l’emprise de la Blitzkrieg ; partout, des millions de Français fuient l’horreur, dans un exode de stupeur et de survie ;
Alors que la veille, le 17 juin 1940, Pétain, devenu Président du Conseil, demande l’armistice à l’Allemagne d’Hitler, toute puissante, hégémonique et impitoyable ; 
Alors que la Vieille Europe est meurtrie et que la France est sur le point de capituler ;
Un homme ose dire NON !
Il y a 83 ans de cela. Et pourtant, cette voix continue encore aujourd’hui à retentir, y compris chez les jeunes générations, à être perpétuée chaque année à l’occasion de cérémonies commémoratives. Cette voix si ferme et si déterminée, depuis Londres, a traversé la Manche pour venir résonner dans le cœur des Français. 
Le poids des mots ne laisse personne indifférent quand chacun entend : « Le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! (…) Quoi qu'il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ». 
Cette voix exhorte à l’espoir et au combat ; cette voix refuse la fatalité et la résignation et croit à l’auto-détermination de son destin par un peuple résistant. Cette voix, c’est celle du Général De Gaulle qui, par cet appel, grave son nom au marbre des Héros de la Nation. Cette voix, c’est celle d’un homme dont la volonté est inaltérable et la combativité hors du commun.
De son exil britannique, le Général De Gaulle fonde et coordonne les Forces Françaises Libres. Dans les villes occupées, dans les villages isolés, dans les maquis repeuplés, partout la Résistance s’organise et combat le gouvernement de Vichy et sa terrible tutelle Allemande. 
« Soyons fermes, purs et fidèles : au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n’ont pas cédé » déclarait le Général. La vague patriotique et résistante s’amplifie, de plus en plus puissante, de plus en plus irrésistible. 
Après des années de combats difficiles, acharnés, meurtriers, le 25 août 1944, le Général De Gaulle marche sur la Capitale française et prononce ce discours historique : « Paris ! Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! mais Paris libérée ! » 
La France reprend après cet épisode la maîtrise de son destin, au terme d’un conflit mondial, au bilan sidérant de 50 à 60 millions de morts. Désormais, le Général De Gaulle a acquis la stature d’un héros en triomphant, avec les Alliés, de la barbarie nazie. Mais le pays est détruit. Il faut tout reconstruire. Pour le Général : « La France ne peut être la France sans la grandeur ».  
Homme de combat et de résistance, il va devenir Homme d’Etat et prendre les rênes du pays. Après l’avoir sauvé, il veut maintenant le redresser et lui donner une place de premier plan dans le nouvel ordre mondial qui se dessine. 
Sa droiture, sa vision, son opiniâtreté vont l’amener à initier un grand nombre de chantiers, de réformes fondatrices pour concrétiser son ambition de moderniser rapidement la France et accélérer le progrès social. On pense bien sûr aux évolutions constitutionnelles comme l’élection du Président de la République au suffrage universel direct et bien sûr l’adoption de la Vème République. 
Mais il a été aussi un grand réformateur pour la vie des Français. On lui doit notre régime de protection sociale avec la création de la Sécurité sociale et l’allongement des semaines de congés payés, sans oublier le droit de vote aux femmes. Se projetant dans l’évolution du monde pour mieux en comprendre les enjeux et anticiper ses transformations, il va initier une politique de planification comme par exemple les grands programmes d’infrastructures et d’investissements publics ou la recherche et l’industrialisation en matière d’énergie, un sujet plus que jamais d’actualité, à l’heure où la France cherche à bâtir un nouveau modèle et à retrouver son indépendance énergétique. Cette volonté de mettre en œuvre de grandes politiques pour la France reste une inspiration pertinente pour nos gouvernants.
Sur le plan européen, le Général De Gaulle est très attaché à une certaine idée de l’Europe. Il est partisan d’une Europe confédérale, celle d’une Europe des nations qui y conserveraient leur souveraineté. Ce que j’appelle d’ailleurs aussi et plus modestement aujourd’hui de mes vœux pour une France fédérale, pour une France des territoires.
Sur le plan international, Charles De Gaulle, par sa stature et sa force de conviction, s’impose parmi les plus grands de ce monde, donnant à la France une place prépondérante et devenant un interlocuteur incontournable. Pour lui, plus qu’un droit c’est un devoir afin que la France retrouve toute sa puissance.
Sur le plan personnel, pragmatique et volontariste, l’homme incarne de vraies valeurs humaines tournées vers l’entraide et la solidarité, l’amour de sa famille et l’attachement au peuple Français.  
Cet attachement le conduira, par dignité et par honneur, à quitter ses fonctions en 1969, lorsque le peuple français dit non au referendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat. 
Dès lors, retiré de la politique mais toujours attentif au sort de la nation, il se consacre à l’écriture de ses Mémoires, jusqu’à sa mort, le 9 novembre 1970. La France perdait ce jour-là l’un des personnages les plus importants, les plus influents et les plus patriotes de son Histoire. « Le patriotisme, c’est aimer son pays. Le nationalisme, c’est détester celui des autres » estimait-il.
Lui aura éperdument aimé, jusqu’au sacrifice, son pays, notre pays la France, restituée dans son honneur et sa grandeur. 
Sa droiture et son intégrité ont toujours guidé ses choix, ses décisions. Permettez-moi d’y voir là l’incarnation la plus aboutie, la plus transparente d’un élu : servir son pays et son peuple, en ayant le courage parfois de surpasser ses propres convictions, dès lors qu’elles servent l’intérêt général, loin de tout esprit partisan. Quelle grande leçon d’humilité et d’humanité à la fois nous lègue-t-il ! 
Ce Lillois de naissance reste intimement lié aux Hauts-de-France, cette terre qu’il a toujours conservée chevillée au cœur, où il a fait ses premières armes, pas très loin d’ici à Arras. 
Béthune, notre ville, a eu l’honneur de le recevoir à deux reprises. Le 11 août 1945 d’abord, moins d’un an après la libération de la ville le 4 septembre 1944. 40 000 personnes étaient venues acclamer le sauveur de la France, sur la Grand’Place où il avait tenu un discours important. Important, en effet, puisqu’il avait lancé à l’Etat un appel à intervenir pour l’industrie charbonnière. Son appel fut entendu, les députés adoptaient l’année suivante, en 1946, la nationalisation des charbonnages, pour relancer la production et redresser l’économie du pays.
Puis il est revenu le 25 septembre 1959, en tant que président de la Vème République. Il avait encouragé les élus à réfléchir à l’implantation de nouveaux types d’industries capables de remplacer l’exploitation du charbon, condition majeure à ses yeux pour garantir l’avenir et le développement économique du territoire. Là encore, il avait été clairvoyant, puisque progressivement, l’industrie minière dans le Pas-de-Calais s’est éteinte. Circonstances de l’Histoire, son intuition et son expertise, qui datent pourtant de 64 ans, résonnent encore aujourd’hui, puisque notre territoire entame un nouveau virage industriel.
 
Le destin d’un homme se forge quand il se montre à la hauteur des grands rendez-vous de l’Histoire. Le Général De Gaulle a lui-même écrit une partie déterminante de l’Histoire de notre pays. Il a forgé son destin en se vouant tout entier au destin de la France, avec bravoure et panache, avec abnégation et dévotion.
Ce buste que nous dévoilons aujourd’hui rend hommage à sa vie extra-ordinaire, en tant que grand serviteur de cette France qu’il aimait tant, à l’identité française, dans ce qu’elle a de plus beau et de plus riche : la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’égalité des droits et des devoirs pour tous, la fraternité entre les nations.
Béthune est attachée à cette cérémonie du 18 Juin, car il est nécessaire de perpétuer le devoir de mémoire de ces grandes femmes et de ces grands hommes, qui ont forgé l’avenir de la France, comme nous l’avons d’ailleurs fait l’an dernier avec la pose du buste de Simone Veil.
Je remercie particulièrement Maryse Bertoux, Jacqueline Imbert pour leur implication dans ce projet, et l’ensemble des élus du Conseil Municipal pour leur confiance. 
J’associerai également à ces remerciements l’artiste Laurent Mallamaci pour le temps consacré à la création de l’œuvre et à la qualité de son travail que nous avons le plaisir de découvrir aujourd’hui. Mes remerciements également au tailleur de pierre pour la réalisation du socle, en la personne de Monsieur Cassarano. Cette commémoration revêt aujourd’hui une symbolique particulière dans une situation géopolitique tendue : la guerre en Ukraine, les conflits du Moyen-Orient et tant d’autres à travers le monde…               
Cette actualité nous montre que rien n’est jamais acquis, qu’il ne faut jamais baisser la garde. La vie est un combat permanent, mais un combat collectif. 
Ces femmes et ces hommes nous ont démontré que lorsque l’on a des convictions, lorsqu’on croit en son pays et en son avenir, on peut réaliser de belles et de grandes choses ! Nous avons la chance inestimable de vivre dans un pays en paix. Alors sachons, tous ensemble, en fraternité, tirer les enseignements que le Général De Gaulle nous a transmis. Refusons l’individualisme, le repli sur soi, le rejet de l’autre. Rendons hommage à l’héritage Gaullien et agissons courageusement, humblement, sincèrement, pour porter notre quotidien et notre destin commun à la hauteur des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qu’il a farouchement défendues et que l’on peut lire sur le fronton de nos mairies. 
Pour conclure, saluons l’homme qui a été tout à la fois soldat, résistant, libérateur de la France, homme d’Etat et je reprendrais bien volontiers l’une de ses citations : « En notre temps, la seule querelle qui vaille est celle de l’homme. C’est l’homme qu’il s’agit de sauver, de faire vivre et de développer ». Vive la République, vive Béthune ! "